Autrefois, la ronce dévorait inexorablement les colonnades et les marbres des bâtisses effondrées. Les mauvaises herbes régnaient en maître soulevant les dallages, détruisant les mosaïques. Dans cet enchevêtrement de lianes le désordre était complet, la mémoire même des jardins s’enfuyait, le luxe des villas romaines n’était plus qu’un vague et lointain souvenir… C’est alors qu’au VIIe siècle de notre ère un pèlerin venu d’Irlande, ému de ces ruines, va restaurer  » miraculeusement  » ce champ de ruines. Ainsi naîtra la légende de saint Fiacre symbolisant le triomphe de l’humanité sur l’ignorance et l’oubli marquant la renaissance de la tradition occidentale des jardins.

 

La colline de Cimiez abrite aujourd’hui plusieurs types de jardins, qui témoignent d’usages et d’époques variés. Parmi eux, le jardin du monastère, datant de l’installation des Franciscains au XVIe siècle, est considéré comme l’un des plus anciens jardins de Nice.

Conçu à l’origine pour fournir nourriture et symboliser le paradis terrestre. On sait que les Franciscains de l’Observance s’installèrent à Cimiez en 1546, après la destruction de leur premier couvent établi en 1461 au voisinage de la ville.

 

Acquis par la Ville avec le monastère, l’ancien jardin des moines fut ouvert à la visite le 19 juin 1927 sur un plan de rénovation de l’ingénieur-paysagiste Auguste-Louis Giuglaris (1882-1963). Il s’étend sur une surface de 9950 m2 et offre un panorama exceptionnel sur la baie de Nice.

 

Lorsqu’on y pénètre, une vaste esplanade partagée par une large allée, est longée sur un côté par une tonnelle recouverte de rosiers grimpants. Des orangers, des citronniers, des mandariniers ponctuent une pelouse ordonnée. Des espèces méditerranéennes, comme l’olivier ou le cyprès côtoient de splendides magnolias. Tout près de là, une petite terrasse est ornée d’une fontaine flanquée de deux bassins circulaires. Chacun d’entre eux est le centre d’un carré formé de petits parterres de fleurs que divise un cheminement coloré de briques et de galets. Un escalier conduit à une éminence boisée de cyprès et de chênes verts. C’est là que se trouvait l’oppidum ligure au pied duquel fut édifiée la cité romaine de Cemenelum.

 

Jardin du monastere Cimiez

 

Dès le Moyen Âge, Cimiez devint également un site agricole. L’abbaye de Saint-Pons y développa des cultures, et au XVIIe siècle, la famille de Gubernatis transforma le domaine en une villa italienne entourée de vignes et de terres agricoles. Ce modèle, mêlant exploitation agricole et lieu de villégiature, perdura jusqu’au XIXe siècle, avant que la ville de Nice n’acquière la villa pour en faire un musée et un parc public.

 

Le patrimoine vert de la région, le littoral constitué d’un ensemble complexe d’unités écologiques, la multiplicité des milieux, embouchures de fleuves, plages de sable ou de galets, côtes rocheuses, vallées et zones collinaires, expliquent la grande variété des paysages végétaux de la ville de Nice.

 

La végétation méditerranéenne classique est caractérisée par un ensemble de biotopes diversifiés, depuis les associations calcicoles xérophytes (pins, cyprès, cistes, chênes blancs ou  » blacas « , chênes verts…) jusqu’aux associations limicoles des basses plaines fluviales (saules, carex, peupliers blancs ou trembles, cannes de Provence…). Elle a été très tôt modifiée par les activités pastorales et agricoles (céréales, oliviers, vignes…). D’autres cultures sont venues plus récemment enrichir ces paysages (agrumes, fleurs).

 

 

Au XIXe et XXe siècles, la douceur du climat niçois et l’arrivée de riches résidents favorisèrent la création de somptueux jardins privés. Certains, comme ceux du comte de Pierlas ou du chevalier Bermond, se distinguèrent par leur richesse en plantes exotiques et leurs compositions paysagères. Au XXe siècle, des concepteurs visionnaires comme Ferdinand Bac ou Edith Wharton participèrent à l’essor des jardins de la Riviera, célèbres pour leur créativité et leur modernité.

 

Aujourd’hui, cette tradition se poursuit à Nice avec des espaces tels que le parc Phoenix ou le Jardin botanique municipal. Cimiez incarne ainsi l’origine d’un patrimoine exceptionnel, alliant histoire, culture et art des jardins, qui illustre la diversité et l’élégance de la végétation méditerranéenne enrichie d’influences exotiques.

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