Alain Franceschi enseigne au Tennis club des arènes de Cimiez. Une vocation par défaut qui est devenue une passion de toute une vie, avec son lot de balles neuves et très peu de balles perdues. Normal pour un adepte du jeu de fond de court…..
La compétition, Alain en a fait (il est classé -2/6) avant d’enseigner. Né en en 1951 ce sexagénaire n’a pas perdu de son allant et de sa foi en ce sport. Il en a écumé des courts, accroché des kilos de terre battue sur ses pompes blanches. Profil de baroudeur, l’œil vif, et le teint halé de ceux qui exercent en plein air, il est de la génération qui a vu s’imposer les grandes légendes de Borg à Mac Enroe. Intarissable sur la grande famille du tennis y compris sur les deux grands Chelems de Rod Laver. Pourtant à l’orée des années 60 Alain venait d’ajuster ses premiers coups droits « je suis né au Maroc. Mon père adorait le tennis je le suivais. Mais moi, c’est sur des courts de fortune, que j’ai appris à jouer avec mes copains ».
C’est en 1965 que la famille débarque à Nice. Une autre rive, une autre histoire ! En 1967 sa scolarité le conduit sur les bancs du Parc impérial « Mes parents voulaient que je fasse des études sérieuses. Je n’ai pas pu intégrer la section sport études qui quelques années plus tard a vu sortir à Nice des champions comme Noah ou Casa. Mais cela ne m’a pas empêché de fréquenter assidument le Nice Lawn Tennis club, juste en face du lycée » Dés lors il décide de s’orienter vers une carrière de Prof d’EPS mais il est « reçu/collé » faute de places vacantes. Il récidive et réussît son professorat à Paris. On lui propose une place au sein d’un grand Tennis club à Niort. Il fonce « j’ai commencé à 24 ans, l’année de mon mariage, à donner des cours. C’est comme çà que je suis devenu prof de tennis. Je le suis depuis 43 ans ! ». Après cet épisode dans le fief du Poitou qui voit également la naissance de ses deux enfants notre méditerranéen souhaite retrouver le soleil de la Riviera. Il revient sur Antibes puis le voilà embrigadé en 1983 dans l’ouverture d’un club avec 12 courts à Grasse. Il accepte se disant qu’il n’y restera qu’un an « Grasse, dans ces années là, c’était pas franchement glamour et le club fraichement ouvert dans la zone en friche de la Paoute tâtonnait encore. Les débuts furent difficiles. Puis progressivement les choses se sont mises en place. Alors moi, je retardais à chaque fois mon départ. Au final j’y suis resté 28 ans. » Le temps de former peu ou prou quelques 5000 gamins.
Après ses adieux à la cité des parfums, il envisage de retourner à Niort quand il est pressenti par un ancien partenaire des années Parc Impérial pour exercer au Nice Lawn Tennis club. « Au même moment on m’a proposé de donner des cours au Tennis club des arènes ». Alain rejoindra Cimiez en 2011 et la petite équipe de ce club crée en 1960 par la CCCF (Cercle Culturel des Compagnons Familiaux). Une association qui a pour objet la pratique et l’enseignement du Tennis dans le but de le promouvoir et, qui fort d’une mission éducative et sociale, s’est également investie dans d’autres disciplines. Sis au 15 de la Corniche Sainte Rosalie, au sein d’un domaine résidentiel le club compte trois courts en terre battue, un mur d’entrainement ainsi qu’une buvette qui se rempli aux beaux jours et le mercredi quand les parents accompagnent leurs enfants. « Nous drainons à 90% des résidents de Cimiez. Nous avons 162 adhérents dont 98 enfants agés de 7 à 12 ans » précise Brigitte Lachegar (Vice Présidente de la section et Secrétaire Générale de l’Association). Une vocation semble t-il car que c’est dans ce club de quartier que fut formée début 90 alors qu’elle n’avait que quatre ans la future championne Alizée Cornet avec son frère Sébastien. Pour motiver ces jeunes pousses Alain, qui par ailleurs est formateur des futurs diplômés d’Etat, ne chôme pas : « Je donne des cours aux enfants et aux adultes. C’est une ambiance familiale, plus intime que celle que j’ai connu ailleurs et je m’y sens comme à la maison. La passion d’enseigner ce sport ne m’a jamais quitté. Je viens ici toute la semaine sauf le lundi, mon jour de relâche comme les commerçants (rires). Mais je ne suis pas seul. Quatre moniteurs qualifiés me prêtent mains fortes ».
Quand on lui parle d’avenir, ce « renvoyeur » de talent répond au présent. Une balle çà se jauge dans l’instant. Après le rebond, c’est déjà trop tard. Aussi au débriefing il avoue n’avoir aucun regret. Ce n’est pas son genre. Pas même celui de ne pas avoir fait une carrière de champion ? « Non c’est un choix. Et puis quand je regarde derrière moi, je ne vois que les bons moments ! » Parmi ceux là, une anecdote savoureuse qu’il s’empresse de nous livrer non sans dérision. La marque de ceux qui ont bien vécu : « J’avais 20 ans, c’était au Tennis de l’Aviron Bayonnais. Nous étions trois quand un monsieur de 76 ans a proposé de se joindre à nous pour un double. Je lui ai dit : bon ok venait ! En fait sur le cours il ne ratait pas une balle. Il retournait tout ! Plus tard dans les vestiaires j’interpelle mon copain : Incroyable, comme il joue bien le vieux ! A peine ma phrase achevée que dans mon dos une voix résonne comme un coup de canon : Mais qu’est-ce qu’il dit ce jeune con ! Le type arrive face à moi et me relance : Vous ne l’avez pas reconnu… ? C’est Jean Borotra. L’un des glorieux mousquetaires du tennis français, espèce d’ignare ! Le plus fort c’est que ce type qui m’avait invectivé n’était autre que Jacques Chaban-Delmas. C’était en 1971, il était maire de Bordeaux et premier ministre de Pompidou ! (Rires) »
Tennis club des arènes de Cimiez
15, corniche Sainte Rosalie
06000 – NICE
Tél : 04 93 81 06 46