Le 14 avril 1912, un peu avant minuit lors de sa première sortie en mer, le Titanic heurte un iceberg au sud-est de Terre-Neuve. A son bord, un couple d’américains, Samuel et Nella Goldenberg. Une page de l’histoire vient de se tourner qui en ouvrira bientôt une autre au cœur du quartier Valrose à Nice !
Cette année est donc le centenaire de ce naufrage de sinistre mémoire qui vit sur les 2201 personnes seulement 711 survivants. Parmi eux, Samuel et Nella Goldenberg qui décident de venir s’installer sous le soleil de Nice pour tenter de panser leurs blessures. Mais bientôt, les séquelles de l’épreuve se manifestent. Samuel est victime une fatigue visuelle persistante, qui se change en cécité. Il vivra plus d’un mois dans l’ombre, avant, grâce aux soins qui lui sont prodigués à l’hôpital Pasteur, de recouvrer la vue.
Si un second miracle a lieu pour Samuel, son couple lui ne résiste pas. Nella regagne New York, Samuel, décide de rester à Nice où il rencontre puis épouse en 1923 la Comtesse Edwiga Garbowska *. Forte personnalité que cette aristocrate polonaise qui, pendant la première guerre mondiale, fut infirmière en chef à l’hôpital militaire de Monte-Carlo. Le couple investi à Cimiez, la Villa Yada, et un an après leur mariage, Sam Goldenberg réalise un vœu pieu : créer à Nice une Cité des Aveugles. Car il l’avait promis : s’il recouvrait la vue, il viendrait en aide aux aveugles. Ainsi en 1923, Samuel Goldenberg fonde le Flambeau franco-américain, un hospice d’accueil pour les non-voyants, place Saint-François. Mais c’est à Valrose que ce projet ambitieux prendra corps : 16 villas érigées afin d’abriter des familles de non-voyants. Des villas bâties sur des terrains acquis pour un franc symbolique, où la vie s’organise grâce à la générosité des Goldenberg autour d’une communauté de non voyants qui ne pratique qu’une seul langage, le Braille, mais exerce diverses activités : canneurs de chaises, accordeurs de pianos etc.
Samuel Goldenberg décédera le 11 octobre 1936 à Nice. Ses obsèques ont lieu en l’église de Cimiez, et l’inhumation dans le cimetière attenant. Quand à la cité des aveugles si elle n’a pas survécu à son géniteur, trois de ces villas à Valrose appartiennent encore aux descendants de ces familles touchées par le handicap.
* Cette union donna le nom à une petite avenue sur Cimiez au nord de la faculté de sciences, perpendiculaire à l’avenue Valrose.
