L’art contemporain a pris ses quartiers chez les particuliers. Hélène Fincker est l’une de ces passionnés d’art, qui a ouvert avec succès ses « cimaises maison » au public. en 2013 sa « maison abandonnée » fêtera ses 10 ans
Accroché au le flanc de Caravadossi, dans une venelle au nom prédestinée : l’avenue Monplaisir, voilà bientôt dix ans que cette vénérable demeure vit une seconde jeunesse en accueillant le fleuron des artistes. Exposer dans des lieux non adaptés, alternatifs, le concept n’est pas nouveau ! De tous temps des amateurs d’art ont présenté à domicile leurs meilleures prises et l’on a vu des friches de Londres à Berlin drainer plus de collectionneurs que certaines galeries avec pignon sur rue. La Maison abandonnée a fait coup double en bâtissant son succès sur ces deux caractéristiques.
Dans son jus
« Papa est en haut, il fait des travaux, maman est en bas elle fait des expos ! » pourraient fredonner les 4 enfants (Louise, Thomas, Bénédicte, Sophie) de François et Hélène Fincker, les heureux propriétaires de la Villa Caméline. Une villa rebaptisée paradoxalement depuis qu’elle est revenue à la vie : « la Maison abandonnée » ! Bâtie en 1920 au flanc de Cimiez à deux pas de l’église Jeanne D’arc, la demeure de maître est sorti de 15 ans de léthargie en 2001 lorsque ce couple d’alsaciens décida de l’acquérir « Nous habitions en face de cette maison livrée aux squatters, pendant six ans elle nous a fait les yeux doux. On a fini par craquer ! ». Depuis Hélène, attachée de presse des Musées Nationaux des AM et son époux, spécialiste en médecine nucléaire, ont réveillé par petites touches la belle Cendrillon en veillant à ne pas gâter son incarnat d’origine « Elle a été dessinée à la belle époque pour un pâtissier niçois par l’architecte Adrien Reiss, qui a édifié également la Chambre de Commerce de Menton et l’Ecole Normale. C’est le lieu où je me fais plaisir, ce qui permet à cette maison de revivre autour d’événements artistiques de qualité. Nous y passons le plus clair de notre temps, mais nous n’y habiterons jamais ! Elle restera toujours un rêve d’enfant, la cabane au fond du jardin !( rires) »
Une ambassade de l’art à la une
Une cabane de luxe avec ses 300 m2 sur trois niveaux, ses moulures « meringuées » son envolé de marches à la française, son jardin piqués d’orangers et sa terrasse à l’italienne. Et si ses propriétaires n’y ont toujours pas élu domicile, la Maison abandonnée ne l’est plus pour tous ! A raison de 3 ou 4 expositions annuelles, elle est devenu un rendez vous culturel incontournable qui brasse des artistes étrangers comme le gotha des acteurs de l’art azuréen « Nous avons pendu la crémaillère avec la Station et reçu des artistes confirmés résidant à Nice comme Marc Chevalier, Stéphane Steiner, d’autres venus d’Alsace : la suissesse Agnès Dallenbach, le vidéaste belge « Messieurs Delmotte » Des rendez vous collectifs sont même nés ici ! l’association le Labo sur le thème du cabinet y présenta trois années durant les œuvres d’une trentaine de créateurs pour la plupart issus de la Villa Arson ou encore le collectif « Und 5 » composé de plasticiens autrichiens, allemands et hollandais. Tous sans distinctions de pratique se sont nourris de la mémoire de cette résidence dont la façade kitsch n’aurait pas dépareillé dans une opérette viennoise. Tous ont du composer avec ses murs vintage et tagués (séquelles des années de squat), sa belle hauteur de plafond, et l’éclairage de vieux lustres en perles de verre. Une règle du jeu non négociable « Pas question d’en faire une galerie, je ne vends pas d’œuvres. Je fais cela uniquement par plaisir et affinités ! ». Des affinités culturelles qui ont permis à une foule grandissante de fidèles d’assister également à des lectures, de Gérard Malanga, (ex partenaire d’Andy Warhol) à l’écrivaine Maryline Desbiolles, à des happening, performances théâtrales, chorégraphiques ou musicales ou encore à de soirées évènementielles comme le concours de design Malongo ou Le Printemps des arts de Monaco.
« Je souhaite faire partager mes gouts, mes passions tout en ouvrant ce lieu à la création sans frontières » explique celle désignée récemment par un tabloïd national parmi les personnalités les plus influentes de la Métropole. Malgré ses expos, son engagement avec l’association BOTOXS et sa petite famille Hélène trouve encore le temps d’arroser son potager quand son mari bichonne cette maison abandonnée à la création qui fait la une des médias. En juin 2013 la villa Caméline soufflera ses dix bougies mais avant, en avril elle verra l’artiste Ingrid Maria Sinibaldi s’approprier le lieu avec ses travaux sculpturaux et minimalistes.
Maison Abandonnée [Villa Cameline]
43 av Monplaisir 06100 Nice