Occupée dés les premiers temps de l’antiquité, la colline de Cimiez est, avec la colline du Château le second site historique de Nice. Sa visite est incontournable pour tous ceux qui désirent découvrir ou renouer avec les origines de la capitale de la Côte d’Azur.
La colline antique :
Rivale de Nikaïa la Grecque, Cemenelum la romaine doit son existence à Auguste qui entreprend entre 24 et 14 avant JC la pacification des turbulentes tribus alpines. Leurs noms figurent à jamais sur le Trophée de la Turbie. Ce monument, érigé en 6 avant JC sur les ordres de l’Empereur, était visible de la Mer et de la voie Julia. Il symbolisait à la fois la victoire et la puissance de Rome.
C’est à proximité de cette fameuse voie Julia, reliant l’Italie à l’Espagne, qu’une nouvelle cité voit le jour. Elle s’établira au pied d’une autre colline dite du » bois sacré « , occupée par une peuplade indigène les Védiantiens.
Ces derniers n’opposeront aucune résistance et se placeront au contraire avec prudence sous la protection de Rome, évitant ainsi les humiliations infligées par la conquête.
Cemenelum, de simple place de garnison, deviendra la capitale d’une nouvelle province : les Alpes-Maritimes. Elle connaîtra son heure de gloire au IIIe siècle avec la construction des thermes et de l’amphithéâtre dont les vestiges constituent l’actuel site archéologique.
Dans le même temps, une nouvelle religion, le christianisme, fait son apparition et se répand dans l’Empire depuis le Ier siècle. L’évangélisation s’accompagne, comme partout ailleurs, de ses premiers martyrs (saint Pons, saint Bassus) dont l’histoire locale a gardé la trace.
En 314, un évêché est fondé à Nikaïa et en 439 à Cemenelum, où les anciens thermes des Femmes abriteront une Basilique, un Baptistère ainsi qu’une nécropole chrétienne.
Mais avec les invasions qui ébranlent l’Empire, le déclin de la ville s’annonce. Dés 375, elle perd sa fonction de capitale au profit d’Embrun et en 466 son évêché est rattaché à celui de Nikaïa.
En cette période troublée les monuments publics et l’aqueduc souterrain, qui alimentait la ville, ne sont plus entretenus. Au VIe siècle, elle est abandonnée par ses habitants, qui se réfugient sur la colline de Nikaïa.
L’ancienne capitale des Alpes-Maritimes deviendra une ville fantôme puis un immense champ de ruines recouvert peu à peu par la végétation et plus tard par les cultures. En dépit de quelques vestiges qui traverseront le temps, Cemenelum disparaît peu à peu de la mémoire des hommes.
En 663, la liste des évêques de Nice s’interrompt. Pendant trois siècles, Nice disparaît de l’Histoire à deux exceptions prés : la fondation de l’Abbaye de Saint-Pons vers 778 et le saccage de la ville par les Sarrasins en 813.
La colline du Moyen-Âge au XVIIe siècle :
À la veille de l’an Mil, Nice renoue avec l’histoire ; en 999, un acte mentionne que l’Abbaye de Saint-Pons reçoit, en don, divers biens de la part d’Odile et Milon » potestates » de Nice.
Les moines bénédictins, qui résident à l’abbaye, décident en 1490 de bâtir une chapelle et choisissent de la construire sur la colline de Cimiez toute proche.
Cédée en 1546 aux franciscains, ces derniers y fondent un monastère. Durant les XVIIe et XVIIIe siècles, il connaîtra une ère de prospérité accompagnée d’un grand rayonnement culturel et religieux, avant de devenir, en 1803, une simple église paroissiale. Vouée au culte de la Vierge l’église de Cimiez deviendra un important lieu de pèlerinage.
En 1662, le comte Caissoti fait élever le portique devant la façade. Le décor de style » troubadour » ne date que de 1844 comme les fresques de la voûte du chœur d’ Hercule Trachel. Celles de la nef (1859) sont du peintre Giacomelli. Un magnifique retable doré du maître-autel est élevé en 1664.On peut aussi admirer un bel ensemble de retables des XVIIe et XVIIIe siècles.
Mais les chefs d’œuvres conservés dans l’église sont, sans conteste, la Piéta, la Crucifixion et la Déposition de Croix de Louis Bréa (fin XVe – début XVIe siècle) le plus grand de nos peintres » primitifs niçois « .
Le monastère s’ordonne autour d’un petit cloître (XVIe siècle) et d’un grand cloître (XVIIe siècle) qui s’ouvre sur les jardins par une magnifique grille en fer forgé. Un musée a été aménagé dans les bâtiments et l’ancien jardin des moines est devenu, en 1927, un parc public.
De l’autre côté de l’église se trouve le cimetière, considéré comme le plus aristocratique de la ville depuis sa création au début du XIXe siècle. On peut y voir la tombe d’un ancien maire de Nice(François Malausséna), et celles des peintres Trachel, Dufy et Matisse.
Enfin sur la place se dressait une croix monumentale dite » séraphique » du XVe siècle. Vandalisée à plusieurs reprises, elle a été remplacée par une copie, l’originale étant placée dans l’église.
À partir du XVIIe siècle, certaines familles aristocratiques niçoises font élever des villas imposantes au milieu de propriétés vouées à l’agriculture. Le plus bel exemple à ce jour est l’actuel musée Matisse, construit en 1680 pour la famille de Gubernatis.
Au coin des avenues de Flirey et du monastère on peut voir la façade de l’ancienne chapelle Sainte-Anne (XVIIIe siècle).
Le XIXe siècle : le triomphe de la Belle Epoque.
Après le rattachement du Comté de Nice à la France en 1860 et jusqu’en 1914, Nice devient la capitale du » tourisme d’hiver » où séjournent notamment l’aristocratie russe et anglaise.
En 1831, le vieux sentier, serpentant de Carabacel à la Villa Paradisio, est transformé en voie carrossable. Puis, en 1884, le boulevard de Cimiez est percé jusqu’aux arènes, reliant ainsi la colline à la ville. Cimiez se couvre alors de splendides hôtels et villas, bâtis aux milieux de parcs somptueux.
Ces constructions Belle-Époque se caractérisent par une ornementation chargée, par des porches monumentaux et par l’utilisation de stucs et de coupoles majestueuses pour éblouir et attirer les riches hivernants. Tous les styles sont mêlés : l’exotique Alhambra pointe deux minarets au sommet d’une façade d’inspiration mauresque, le parc du château de Valrose s’ouvre sur le boulevard Prince de Galles par une arcade flanquée de deux tours néo-gothiques où l’on retrouve des éléments Renaissance empruntés au château de Blois au Manoir Belgrano. Les hôtels Riviera Palace, Winter Palace, la Villa Paradisio présentent une architecture plus classique.
Cimiez devient le quartier le plus élégant de Nice. En le choisissant comme lieu de villégiature la reine Victoria lui assure une extraordinaire publicité. En 1896, l’architecte niçois Sébastien-Marcel Biasini élève le plus grand palace de son temps, le Regina, pour accueillir la souveraine et son importante suite. Depuis 1912, une statue de Victoria, sculptée par Maubert, rappelle le souvenir de l’impératrice reine devant les jardins du Regina.
La Première Guerre Mondiale et la crise économique de 1929 entraîneront l’appauvrissement de l’aristocratie et le déclin du tourisme d’hiver au profit du tourisme estival plus populaire. Les palaces ferment puis sont divisés en appartements et bon nombre de villas voient leur parc lotis
Cimiez aujourd’hui :
À cet ensemble Belle Epoque, s’ajoutent quelques villas Art Déco non dépourvues d’ un certain intérêt architectural. À partir des années 60, la construction des grands immeubles se multiplient. Et si la population s’est diversifiée, le quartier a conservé sa vocation résidentielle.
Site historique, Cimiez est aussi un haut lieu culturel avec le musée d’Archéologie qui présente de nombreux objets découverts sur le site antique et de remarquables donations de céramiques et le musée Matisse qui possède une riche collection d’œuvres du peintre depuis ses premiers tableaux (en 1890) jusqu’aux gouaches découpées réalisée à la fin de sa vie.
Matisse vécut dans un appartement au Regina de 1938 à 1943, puis de nouveau en1948 jusqu’à sa mort en 1953. Il repose, désormais, prés du cimetière du monastère.
Face au Conservatoire National de Région, installé dans l’ancienne la villa Paradisio, le musée du Message Biblique. D’une très belle architecture contemporaine, ce musée a été spécialement construit pour recevoir les œuvres du peintre Marc Chagall, inspirées par la bible et réalisées entre 1954 à 1967.
Enfin, le parc de Cimiez, ses arènes et les jardins du Monastère sont des lieux de promenade particulièrement appréciés des Niçois. Chaque été, la ville y organise de nombreuses manifestations comme la fête traditionnelle des » Mai » mais surtout le célèbre et incontournable Festival International de Jazz où se côtoient les plus grands artistes du genre et du moment.
Source : www.nice.fr
Très intéressant! Merci