À Cimiez, quartier prisé et chargé d’histoire de la ville de Nice, se cache un domaine à la fois discret et fascinant : le Parc de l’Enchanteresse. Aujourd’hui reconnu pour son atmosphère paisible et ses élégantes résidences, ce lieu hors du temps recèle pourtant un passé aussi flamboyant que méconnu, mêlant glamour, tragédies et transformations.

 

Un domaine aux origines prestigieuses

Tout commence à la fin du XIXe siècle avec la propriété Desforges, un vaste domaine de plus de 35 000 m², appartenant à un notaire niçois. En 1898, il est acquis par une femme au destin romanesque : Victorine Lise Girard, plus connue sous le nom de scène Léa d’Ascot. Ancienne artiste parisienne et épouse du comte Gabriel Tripier de Lagrange, elle rêvait d’un lieu où art, nature et festivités pourraient cohabiter.

 

Zoo Parc enchanteresseAvec son mari, elle transforme alors la propriété en un lieu de vie et de loisirs d’une exubérance rare pour l’époque : la Ferme Bretonne. Le projet devient rapidement un véritable complexe de divertissement pour la haute société niçoise : un théâtre, un zoo privé, une vacherie, des kiosques exotiques, un restaurant japonais, un casino, et même… des montagnes russes ! Le couple fait de ce domaine un lieu de rencontres, de fêtes et de curiosités.

 

Mais la magie ne dure pas. En 1893, Gabriel décède brutalement à Singapour. Léa, désormais seule, voit s’effondrer le rêve qu’ils avaient bâti. Acculée par les dettes et abandonnée par son associé en faillite, elle entre en conflit avec la municipalité de Nice. Les pressions s’intensifient, les créanciers se multiplient… Jusqu’au coup de théâtre final : en 1906, quelques jours avant la mise aux enchères du domaine, Léa meurt dans des circonstances mystérieuses.

 

Le domaine est alors divisé en plusieurs lots. En 1908, l’entrepreneur Félix Woelfflé rachète l’ensemble, avant d’en revendre une partie en 1914 à Jean-Baptiste Rossi, un ancien commandant connu pour son tempérament colérique. Là encore, le lieu devient le théâtre d’un drame familial : en 1930, lors d’une dispute violente, sa propre fille lui tire dessus. Accablée, elle se suicide quatre ans plus tard.

 

La renaissance d’un lieu oublié au charme intemporel

C’est en 1936 qu’une nouvelle page s’écrit pour le domaine. Il est alors acquis par la princesse turque Adine Pertew Bey, qui y installe une maison de santé luxueuse baptisée Château de la Riviera. L’après-guerre verra le lieu se morceler peu à peu, jusqu’à ce qu’il prenne le nom évocateur de Villa L’Enchanteresse.

 

De ce passé à la fois somptueux et tourmenté, il reste des traces dans les pierres, les jardins, et l’ambiance unique du Parc de l’Enchanteresse. Devenu un havre de paix résidentiel, calme et verdoyant, ce lieu discret conserve son aura romanesque et continue de faire rêver ceux qui le découvrent. C’est un coin de Nice où l’histoire murmure encore à chaque détour d’allée, et où les légendes du passé s’entrelacent à la douceur du présent.

 

Article écrit par

CIMIEZ.COM

CIMIEZ.COM vous propose chaque semaine l’actualité du quartier : activités culturelles & associatives, évènements, spectacles, bonnes adresses et portraits de tous ceux qui font de Cimiez un lieu de vie privilégié.