On le savait, le Musée National Chagall qui fêta ses quarante ans l’an dernier est l’unique en France dédié à cet artiste majeur. Mais il a depuis peu une autre singularité celle d’avoir à sa tête l’une des plus jeunes conservatrices de France. Sarah ligner a pris ses fonctions en 2013 avec l’exposition dédiée à André Hermant, l’architecte qui bâti ce lieu de mémoire sur Cimiez. Un retour aux sources qui coïncidait avec l’arrivée de cette jeune diplômée qui n’avait pas encore fêter ses 28 printemps « Chaque année on compte un millier de candidats pour une quarantaine d’admis au concours de conservateur de la fonction publique à l’INP. La tendance nationale, est au rajeunissement. Dans ma promotion la moyenne d’âge oscillait entre de 25 et 30 ans » Explique Sarah qui, comble du hasard, vit le jour en 1985 l’année même de la disparition de Marc Chagall.
C’est à six ans que Sarah contracte le virus des beaux-arts en visitant avec son école le musée d’art moderne et contemporain des Sables d’Olonne, sa ville natale. Premier choc : l’artiste Chaissac ! D’autres suivront au fils des lieux d’art qu’elle découvre avec ses grands parents. « Ayant pris gout à l’histoire de l’art au lycée j’ai intégré l’école du Louvres de 2003 à 2008 » Son diplôme de muséologie en poche, elle décroche celui de conservatrice à l’INP qui lui ouvre à l’automne 2013 les portes de cette grande maison de la Réunion des Musées Nationaux à Nice « Figuratif en pleine abstraction, attaché au religieux au moment où cet art est battu en brèche, le parcours atypique de Chagall m’a toujours fasciné ! Si mes missions sont multiples ici, je ne perds pas de vue que je demeure l’interface entre le public et le musée. Je suis très attachée à valoriser ce patrimoine et à le transmettre aux générations futures ». Parmi ses outils : la programmation des expositions qu’elle réalise en concertation avec Maurice Fréchuret, le directeur des Musées Nationaux des AM, le développement de la prestigieuse collection et la gestion du lieu. Un travail fastidieux lorsque que l’on sait que ce musée monographique doté d’un auditorium intervient sur plus d’un front disciplinaire. « Le message biblique n’étant plus l’axe majeur depuis 2008, l’ensemble de la collection donné à l’état par Chagall doit y être traité et exposé. Nous y explorons également l’œuvre en transversalité avec des prêts extérieurs. Chagall souhaitait voir son musée ouvert à toutes les spiritualités, ce fut fait dés l’origine puis ce dialogue s’est élargi avec les artistes contemporains dont le travail entre en résonnance avec la collection. Je maintiendrais cet équilibre. Après la photographe Natacha Lesueur nous accueillons dés le 14 juin le peintre Denis Castellas tandis que L’œuvre chagallienne sera elle revisitée avec « La vie », une toile monumentale prêtée par la fondation Maeght. » Sarah souhaite également confronter ce fonds unique à d’autres disciplines. Après l’orchestre philharmonique de Nice, les Ballets de Monte Carlo en la personne de son danseur soliste Gaëtan Morlotti, s’y produisent désormais trois fois par an dans l’auditorium. D’autres cultures de la spiritualité seront invités à partager les cimaises de l’artiste qui œuvra sur le message biblique « Pourquoi pas celle de l’Afrique ? » avance celle dont les parents vécurent au Congo et qui fit ses mémoires sur l’art contemporain africain et notamment sur Ernest Maconba, un artiste originaire de Johannesburg, qui participa au mouvement Cobra.
D’autres projets sont à l’étude « Si la médiation à rajeuni et diversifier les publics, et malgré notre fréquentation à la hausse nous devons poursuivre l’effort envers les niçois moins assidus au Musée que leur congénères étrangers. En manque d’ateliers pour les plus jeunes et d’espace pour nos expositions, nous réfléchissons également à une possibilité d’extension sur le site. Les budgets publics sont revus à la baisse, mais le mécénat privé qui permet déjà à nos catalogues d’être édités grâce à la BPCA, est une alternative à développer tout en veillant à préserver nos priorités publiques et l’identité de ce lieu magique » Un musée d’autant plus magique pour Cimiez et le tourisme azuréen qu’il est entré (précédant le musée Matisse) dans le top ten des Musées français en accueillant en 2012 plus de 160 000 visiteurs !
Sarah Ligner aux cotés de Maurice Fréchuret et de l’artiste Natacha Lesueur
Vernissage de l’exposition « Ombres Blanches »