Stéphanie Canarelli habite Cimiez depuis prés de 20 ans. Elle est décoratrice, mais préfère dire : créatrice d’intérieurs. Metteur en scène de théâtre, elle a d’abord raconté ses propres histoires avant de raconter celles des autres au travers de leurs lieux de vie.
Née à Nice, Stéphanie a grandi dans la vieille ville de Vintimille. Après sa majorité elle entreprend des études secondaires qui la conduisent au Goethe Institut en Allemagne, à l’université de Santander en Espagne puis aux USA où elle suit des cours en communication. De retour à Nice son besoin de s’exprimer la pousse à prendre des cours au Théâtre de l’Alphabet. Un exercice qu’elle poursuivra à l’Actor’s studio à Los Angeles. « Je ne voulais pas être comédienne ce qui m’intéressait c’était la mise en scène, la lumière, les décors. Mais j’avais 25 ans et sur la région il était difficile de trouver une école dans ce domaine, alors j’ai fais ce qui se rapprochait le plus de ce que j’aimais » Elle suivra tout de même un stage au TNN sur la technique des décors. Un pas de plus vers ce qui deviendra son futur métier.
« Etre décorateur, c’est intrusif ! »
« J’ai commencé à écrire quand j’étais à Paris au Théâtre bilingue Marie Stuart qui fut dirigé plus tard par Daniel Mesguish. » C’est en revenant à Nice que l’apprentie comédienne devient auteur et met en scène sa première pièce « Mise Amour ». L’affiche est créee par l’artiste Michel Cabaret connu pour ses toiles sur la tauromachie. « J’ai continué dans la mise en scène puis je me suis orienté vers la décoration qui synthétisait tout ce que j’aimais dans la création » Stéphanie valide son nouveau cursus à l’école
MJM à Cimiez où elle décroche son diplôme de décoratrice d’intérieur. Elle intègre un grand cabinet qui lui permet d’œuvrer sur la décoration de villas de luxe sur la Côte ainsi que la rénovation d’appartements au Palais Maeterlinck. C’est en rencontrant une grande architecte brésilienne qu’elle assimile toute la rigueur qu’exige sa profession. A son compte depuis quelques années elle est intervenue sur des appartements derrière le Negresco, et sur plusieurs restaurants dont un à Menton inspiré d’un spot de surf. Sa philosophie du métier est restée la même « Certains décorateurs comme Philippe Stark ou Andrée Putman se reconnaissent à leur style. Pour moi un décorateur n’est pas quelqu’un qui impose sa griffe. C’est le contraire. Ce qui me passionne c’est d’être à l’écoute de mes clients, de les aider à s’exprimer à travers ce langage qu’est la décoration, à créer un univers qui est leur profondément intime. » Aussi Stéphanie ne court t-elle pas après le dernier meuble design mais prône le mariage des styles « Une déco trop datée, c’est périssable. Et puis faire un intérieur c’est raconter toute une vie, celle de ses propriétaires à travers leur parcours, voyages, souvenirs, leur héritage personnel. Je ne fais pas d’appartement modèle mais des intérieurs à vivre auxquels chacun s’identifie ». Un travail à façon basé avant tout sur un rapport de confiance « Il arrive parfois que cela ne fonctionne pas. C’est très intrusif d’être décorateur (rires) ».
Cimiez, la vie de village
Est-ce d’avoir passé son enfance dans une vieille maison avec des fresques, des meubles anciens et un four à bois ? En 1997 Stéphanie s’installe en couple dans l’une des plus anciennes demeures de Cimiez : la Villa Las Floridas au 20 de l’avenue Mendiguren, « C’était presque la campagne. Bien sur j’ai redécoré cette villa de maitre en préservant son carrelage historique en ciment rouge et noir et les parquets en bois. On a gardé la maison, mon ex mari et mon fils y vivent toujours » explique celle qui redevenue célibataire a migré vers un autre versant de Cimiez. « Je vis aujourd’hui face à l’école Roland Garros. Le bas de Cimiez c’est un peu la partie la partie manouche de la colline (rires) à cause de la proximité de la voie Matisse et du chemin de fer. L’avantage c’est que l’on est à quelques enjambées du centre ville. Mais de l’ancien Conservatoire au Majestic il y a de superbes bâtiments. L’immeuble où je réside date des années 30 et donne côté jardin sur une ancienne demeure classée qui abritait jadis des moines. A Cimiez, il faut marcher la tête en l’air. Je conseille aux touristes de monter en bus au Musée Matisse et de redescendre à pied pour profiter de ce concentré unique d’architecture ». Si l’image de cette colline est attirante pour la décoratrice, elle apprécie aussi ce territoire pour d’autres raisons « Cimiez est un village. J’y ai élevé mon fils scolarisé à Roland Garros. C’est un paradis pour les enfants. Tout le monde se connaît dans la rue, on s’entraide entre voisins. Ce coté communautaire, on n’en parle pas assez. »
Vivant passionnément son métier Stéphanie travaille actuellement sur un projet d’ouvrage avec un photographe : « Je souhaite évoquer le rapport privilégié qu’entretiennent certains propriétaires avec leur intérieur, parler de ces lieux très habités » Un terme évidemment très cher à cette décoratrice qui place l’humain au cœur de sa démarche.