On s’interroge souvent sur la nature de la mélancolie qui se dégage des tableaux d’Edward Hopper : ils ont, naturellement, comme toutes les œuvres d’art, de multiples significations qu’aucun commentaire jamais n’épuisera. Mais on peut conjecturer que l’accablement du peintre, qui transparaît dans toutes ses toiles, est en bonne partie liée à sa haine des temps modernes — à tout le moins, au sentiment d’y être totalement étranger. Hopper pourrait être défini comme un artiste du XIXème siècle qu’un hasard malheureux aurait fait vivre au XXème. On interrogera cette hypothèse à partir d’un tableau qui pourrait, en apparence, la démentir : People in the Sun, 1963 (une œuvre tardive donc, Hopper est mort en 1967). Où se logent le désespoir et l’angoisse de la nouveauté, dans la représentation d’une petite assemblée oisive qui semble se prélasser au soleil d’une fin d’après-midi ?
Né en 1954, Didier Semin a fait des études d’histoire de l’art à l’université de Strasbourg. Il a occupé les fonctions de conservateur successivement au musée des Sables-d’Olonne, au musée d’Art moderne de la Ville de Paris et enfin au Centre Pompidou, où il était chargé de la collection contemporaine jusqu’en 1998. Il enseigne l’histoire de l’art à l’Ecole Nationale des Beaux-Arts de Paris depuis 1999.
Parutions récentes : Markus Raetz, infimes distorsions, L’Échoppe, Paris, 2013. Marcel Duchamp, Le Paradigme du dessin d’humour, Cully, KMD/The Forestay Museum, 2015 ; Le Film et le champ de bataille, Samuel Fuller, The Big Red One, Paris, L’Échoppe, 2017 ; Barry Flanagan, Solutions imaginaires, catalogue d’exposition, Paris, Galerie Lelong & Co., 2019 ; Duchamp contre Picasso. L’Applaudimètre étalon, Paris, L’Échoppe, 2019.
Jeudi 19 mars 2020 à 19h
À rebours de la modernité : Edward Hopper
Conférence par Didier Semin
20 Avenue Stephen Liegeard, 06100 Nice
Tel 04 92 07 73 73